La pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est un véritable fléau pour nos buis. Les chenilles génèrent d’importants dégâts entrainant la défoliation, le dépérissement puis la mort des buis.
Dans le précédent article, je vous expliquais comment identifier la pyrale du buis à ses différents stades ainsi que les premiers symptômes de sa présence. L’observation et l’identification précoce des premières chenilles sont essentielles pour une lutte efficace.
La pyrale du buis est une espèce classée invasive, présente sur le territoire depuis les années 2000.
Ces dernières années, la situation a fortement évolué: les populations de pyrales du buis ont augmenté de façon exponentielle. C’est une véritable invasion dans certaines régions. Les papillons ont en effet conquis les forêts naturelles de buis, depuis lesquelles ils se répandent en force dans les jardins.
Des projets de recherche sont en cours afin de déployer de nouvelles solutions telles que la confusion sexuelle à grande échelle. Dans cet article, je vous propose de découvrir les solutions efficaces et disponibles pour les jardiniers. Pour s’en débarrasser, il est nécessaire d’utiliser plusieurs techniques simultanément pour combattre ce fléau tout au long de l’année.
Etape 1: Lutter contre les chenilles
Solution 1: Traitement insecticide biologique d’origine naturelle contre la chenille du buis: le Bacillus thuringiensis ou Btk
L’insecticide naturel à employer contre la pyrale du buis
Le Bacillus thuringiensis var. Kurstaki, ou plus simplement BtK est une bactérie naturellement présente dans l’environnement. Elle agit par ingestion lorsque les chenilles se nourrissent sur les feuilles traitées. Les chenilles cessent de s’alimenter et meurent en quelques jours. Son action insecticide permet de lutter contre toutes les chenilles de papillons: il s’agit d’un produit phytosanitaire: lisez bien la notice avant utilisation.
Quand traiter les chenilles de la pyrale du buis?
Dès le début du printemps, l’observation des buis est la clé du succès: températures supérieures à 9°C, dès mars ou avril selon les régions. Ce sont ces chenilles qui donneront les papillons qui se reproduiront vers le mois de juin: les éliminer est très important.
Ce traitement au BtK est plus efficace sur les jeunes stades larvaires. Son utilisation est limitée à 4 applications par an. Positionnez le traitement par temps doux, le soir hors présence des abeilles et sans risque de pluie les jours suivants.
Comment traiter les chenilles de la pyrale du buis avec le Btk?
Un pulvérisateur est nécessaire pour appliquer le Bacillus thuringiensis. Pour tuer les pyrale du buis avec une efficacité maximale, pulvériser ce produit sur toutes les faces du buis et à l’intérieur, en mouillant bien le feuillage jusqu’à la limite de ruissellement.
Solution 2: Utiliser des nématodes parasites des chenilles de la pyrale du buis
Comment agissent les nématodes contre les chenilles de pyrale du buis?
Les nématodes sont des vers microscopiques qui parasitent les chenilles et y prolifèrent, entrainant leur mort. Ils partent ensuite à la recherche de nouvelles chenilles à parasiter. L’efficacité des nématodes contre les chenilles de la pyrale du buis semble inférieure à l’utilisation du Bacillus thuringiensis. Néanmoins, ils s’attaquent à tous les stades larvaires des chenilles.
Cet organisme de biocontrôle est vivant: il n’est souvent disponible que sur commande, en renvoyant une carte prépayée. Prenez garde aux délais de livraison, aux durées et conditions de conservation avant application.
Comment et quand utiliser les nématodes contre la pyrale du buis?
L’humidité importante est la condition de réussite de ce traitement qui s’applique avec un pulvérisateur à nématodes. Appliquez la bouillie après une pluie importante ou après un arrosage intégral y compris à l’intérieur des buis. Le traitement doit avoir lieu à une température minimale de 12°C, tôt le matin par temps couvert ou le soir, afin que les nématodes ne se dessèchent pas au soleil. Une seconde application peut être effectuée 1 à 2 semaines plus tard.
Solution 3: les insecticides de biocontrôle non sélectifs
Les produits insecticides de biocontrôle (pyréthrines ou abamectine, parfois associés à des huiles), permettent entre autres d’éradiquer les chenilles phytophages quel que soit leur stade d’évolution. Ces produits ne sont pas sélectifs et affectent la faune auxiliaire. Préférez le BtK: il est davantage sélectif et affiche des performances comparables.
Solution 4: la lutte mécanique en plus des traitements
- Ramassez les chenilles à la main et tuez-les: écrasez-les ou placez-les dans de l’eau avec du liquide vaisselle pour les noyer (ou dans un sac poubelle hermétique).
- Douchez vos buis à coeur avec un jet sous pression type karcher: le jet endommagera les oeufs et chrysalides, et fera tomber les chenilles. Ramassez-les puis supprimez-les.
- Battez les buis (baton, balai…) pour faire tomber les ravageurs: posez auparavant une bâche en dessous de l’arbuste pour les collecter.
- Il est également possible de poser des filets anti-insectes sur les buis afin d’éviter que les papillons ne pondent dedans. Les filets se posent dès la détection des premiers papillons dans les pièges à phéromones, jusqu’à la dernière période de vol. Néanmoins, cette technique est risquée si vous piégez les chenilles présentes dans les buis.
En conclusion, si vous ne deviez retenir qu’un traitement contre les chenilles de pyrale du buis: ce serait le Bacillus thuringiensis allié à des techniques mécaniques.
Etape 2: lutter contre le papillon de la pyrale du buis
Vous avez tout mis en oeuvre pour lutter contre les chenilles? Certaines en réchapperont et se transformeront en papillons. Voici les solutions pour les éliminer.
Solution 1: les pièges à phéromones contre la pyrale du buis
Les pièges à phéromones
Les phéromones sont des substances sexuelles émises afin d’attirer des partenaires pour la reproduction. Elles sont spécifiques à chaque insecte: leur sélectivité permet de ne cibler que le papillon mâle de la pyrale du buis. Les pièges à phéromones ont deux utilités:
- Détecter les vols du papillon de la pyrale du buis et donc sa période de reproduction, afin de positionner des traitements contre ses oeufs et ses chenilles
- Réduire la reproduction des papillons, et donc les pontes et le nombre de chenilles, en piégeant les papillons mâles.
Différents conditionnements
Utilisez des pièges à phéromones (réutilisables) de grande contenance, appelés pièges entonnoirs ou funnels. Les phéromones sont conditionnées sous différentes formes:
- En tube ou ependorf: il suffit d’ouvrir la capsule du tube et de le déposer dans le panier ajouré du piège à phéromones. Les phéromones sont une odeur invisible: ne coupez pas le tube ou n’essayez pas d’en faire sortir le contenu.
- En gel dans une seringue: videz la seringue au fond du panier ajouré du piège.
Quand et comment placer les pièges à phéromones contre la pyrale du buis?
Les pièges doivent être en place en amont de l’apparition des papillons: dès le printemps et sur toute la saison de vol (de mars à octobre environ). Les traitements à base de Bacillus thuringiensis sur les chenilles sont déclenchés 10 jours après le pic de vol des papillons ou dès que l’on décompte 10 papillons par piège.
Soyez vigilants:
- A la période couverte par les phéromones selon les marques: de quelques mois à toute la saison de reproduction.
- A leur mode de conservation: à température ambiante ou au réfrigérateur.
- Lisez bien la notice et restez attentifs aux dates de péremption.
- Respectez les densités de pose des pièges préconisées par le fabricant de phéromones.
2/ Des solutions maison contre la pyrale du buis: non-sélectives mais efficaces
- Dans les zones très infestées, placer une bassine d’eau (avec du liquide vaisselle) sous une lumière la nuit attire les papillons de la pyrale du buis… (mais pas qu’eux)
- Parfois les papillons sur les murs et au sol sont tellement nombreux que certains utilisent… un aspirateur!
3/ Comment détruire les oeufs de la pyrale du buis: les thrichogrammes parasites
Certains papillons seront passés à travers le dispositif. Les trichogrammes sont des minuscules guêpes parasitoïdes qui pondent (entre autres) dans les oeufs de la pyrale du buis, entrainant leur mort. Le positionnement des trichogrammes a lieu 15 jours après chaque pic de vol et à nouveau 15 jours après.
Néanmoins, cette solution peut vite s’avérer onéreuse. Les trichogrammes sont des insectes auxiliaires vivants: ces micro-guêpes sont disponibles uniquement sur commande. Comme pour les nématodes, soyez attentifs aux délais de livraison, aux durées et conditions de conservation avant application.
Etape 3: Préservez la biodiversité, vos buis vous diront merci!
Installez des nichoirs adaptés pour accueillir les prédateurs de la pyrale du buis
Lors de son arrivée sur le territoire, la pyrale du buis ne connaissait pas de prédateurs naturels. Les chenilles accumulent en effet des toxines en se nourrissant sur le buis, la rendant peu apétente.
Néanmoins, certains oiseaux s’avèrent désormais des prédateurs occasionnels, comme la mésange, le moineau ou le pinson. Vos poules pourront vous aider, mais jusqu’à une faible hauteur. Les guêpes et les frelons s’en nourrissent également. De leur côté, les chauve-souris consomment les papillons. Aidez-les en leur donnant les moyens de nicher dans votre jardin!
Aidez vos buis à reprendre
Les buis ont une grande capacité à se régénérer. Aidez-les:
- Arrosez-les par temps chaud et sec pour stimuler la pousse de nouvelles feuilles.
- Appliquez un engrais spécial buis à teneur équilibrée en azote (N) et potasse (K) pour favoriser leur croissance et le durcissement des feuilles.
Fausses bonnes idées: astuces et recettes de grands-mères contre la pyrale du buis
A force de rechercher des solutions alternatives, des recettes et solutions maison ou des remèdes de grand-mère, on lit des choses saugrenues. Votre grand-mère n’a pas pu les inventer et pour cause: la pyrale du buis n’est présente en France que depuis peu!
- Le vinaigre (contenant de l’acide acétique) a une action uniquement fongicide et bactéricide. Il n’est pas compatible avec le BtK. L’acide acétique est également utilisé dans des produits herbicides. Gare à vos buis!
- Le bicarbonate de soude a un effet fongicide reconnu, mais pas insecticide.
- Le savon noir a une action sur les petits insectes, mais pas sur les chenilles.
- Le Psorinum (homéopathie) n’a absolument pas démontré son efficacité.
- La javel: avez-vous déjà lu l’étiquette?! Produit dangereux pour la santé et l’environnement.
Oubliez tous ces remèdes qui n’ont pas fait leur preuve ou qui sont potentiellement dangereux pour les buis et l’environnement.
En conclusion: préservez la biodiversité et n’utilisez que des solutions avérées avec les produits les moins dangereux pour l’environnement. Ainsi, si vous ne deviez choisir que 2 traitements contre la pyrale du buis, ce seraient:
- le Bacillus thuringiensis contre les chenilles
- les pièges à phéromone contre les papillons
- + les actions mécaniques
Sachez qu’en cas d’invasion sévère, votre action isolée ne sera pas suffisante pour protéger durablement les buis de la pyrale…
Mais pourra-t-on vraiment sauver nos buis? Seules des actions collectives à grande échelle permettraient un contrôle efficace de ce papillon. La recherche avance, espérons qu’elle mette rapidement à disposition des solutions d’envergure pour lutter contre ce fléau, comme la confusion sexuelle.
Et vous, vos buis ont-ils été touchés par la pyrale du buis? Quelles solutions avez-vous adoptées pour vous en débarasser? N’hésitez pas à partager votre expérience en laissant un commentaire.
Bonjour,
Un petit partage d’exprérience …
3 ans de traitement au Bacillus thuringiensis … et pour le moment nos buis sont toujours bien vivants (un petit s’est tout de même fait manger en raison d’un oubli de traitement cette année) … et ce sont quasiment les seuls encore vivants à plusieurs km à la ronde ! (arrière-pays montpelliérain).
La difficulté est surtout de savoir quand traiter … malgré de nombreuses inspections, nous n’avons vu qu’une seule fois des chenilles. On utilise donc la règle de traiter 10 jours après l’apparition des premières pyrales … et ça semble bien fonctionner.
Pascal
Bonjour Pascal,
Merci pour votre partage d’expérience! Il est effectivement très difficile de distinguer les petites chenilles au coeur des buis afin de positionner le traitement de façon optimale. L’essentiel est de s’adapter et de trouver une méthode qui vous convient si elle est efficace.
J’ai vu de très nombreux papillons cette année chez une amie au pied du Pic Saint-Loup (peut-être proche de chez vous?). Tous butinaient les valérianes. C’était un beau spectacle – si l’on fait abstraction de leur impact sur nos buis…
Laure
Bonjour,
Je traite au bacillus et effectivement cela marche. Cette année, le pic du vol a été atteint la semaine dernière, papillons dans tilleul ,lavande, jasmin et maison ( et peu dans les buis) , très dérangeant la journée. J’attend 10 jours pour traiter même si souvent j’attend de voir des chenilles . L’an dernier, au 3 eme vol en aout, beaucoup de papillons partout la journée et pourtant il n’y a eu quasiment aucune chenille. C’est parfois difficile de ne faire que 4 traitements au btk alors qu’il y a au moins 3 vols . J’ai essayé une année les nématodes, cela n’a pas marché.. et humidifier le buis est très compliqué pour une haie et dans le sud avec la chaleur ( vers Montpellier) c’est ingérable , en pot peut être. merci pour toutes vos précisions
Bonjour Françoise, garder des buis en bonne santé est devenu très compliqué. Les traitements ne sont pas anodins pour la biodiversité. Peut-être devons-nous simplement accepter de les remplacer, même si c’est un crêve-coeur…
Bonjour.
S’il n’y avait que les buis ça irait !
Toute ma récolte potagère l’année dernière a morflé. Les papillons me bouffaient salades ; tomates ; aubergines ; roquette ; radis ; courgettes … tout y est passé .. Et s’il n’y avait que les trous (genre dentelle) ce serait le bonheur … Après ce sont leurs pontes qui laissent place à des milliers de chenilles qui bouffent littéralement tout !!!! Toutes mes feuilles de patates décimées.Et la récolte du coup … anéantie. Elles les mangent la nuit ! pas croyable à quelle vitesse. Je suis au pied du pic st loup et c’était affreux l’année dernière. Le Bacille de Thuringe n’a pas fonctionné bizarrement et quand on voit que c’est utilisé et autorisé dans la culture BIOmais qu’il faut s’habiller en SCAPHANDRIER on se pose énormément de questions. Cette année on couvrira tout. avec voiles genre moustiquaires. Le soleil ; l’air le vent la pluie passeront mais pas ces punaises de de papillons! Nous verrons bien si ce sera mieux. Mais si cela est pire que l’année dernière je ne vois pas comment. Si les Bombyx s’y mettent par ex là … c’est la Cata ! Croisons les doigts
Bonjour Samy, il y a des années compliquées au potager… et il est important de rappeler qu’aucun produit, même s’il est autorisé dans les jardins ou en agriculture biologique, n’est anodin. Bon courage à vous!
Pour mes 30 mètres linéaires + une dizaine de gros buissons j’applique en totalité vos conseils, secouage, rammassage manuel des chenilles, passage au Karcher, traitement au bacillus tous les deux mois pendant la période de présence des chenilles et pièges à phéromones. Malgré tout chaque année j’ai un ou deux buis qui y reste (buis d’environ 30 ans).
Je leur mets du sang et corne pour les stimuler et ca marche plutot très bien.
C’est pourtant une lutte sans fin j’ai du sortir un seau d’environ 5 litres de chenilles la derniere fois.
Bon courage à tous.
Bonjour Gilles, quel courage! Les anciens propriétaires de ma maison avaient planté une haie de buis prélevés dans la garrigue. J’avoue que cette année, j’ai abandonné la lutte. Les buis ont commencé à être bien défoliés par les extrémités de la haie, les chenilles sont bien présentes malheureusement. Je les remplacerai à terme par une haie qui sera mieux adaptée…